Écritures du japonais

Écritures du japonais
Image illustrative de l’article Écritures du japonais
書道, shodō[1].
Caractéristiques
Type SOV, agglutinante
Langue(s) japoniques
Historique
Époque Ve siècle — présent
Système(s) apparenté(s) sinoxénique
Codage
Unicode U+2E80 - U+2EFF,
U+3000 - U+303F,
U+3040 - U+309F,
U+30A0 - U+30FF,
U+3100 - U+312F,
U+31F0 - U+31FF,
U+3200 - U+32FF,
U+3300 - U+33FF,
U+3400 - U+4DBF,
U+4DC0 - U+4DFF,
U+4E00 - U+9FFF
ISO 15924 « Jpan » no 413
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Les types d'écritures du japonais sont composés de systèmes graphiques :

  1. kanji : un ensemble de logogrammes ou sinogrammes utilisés pendant des siècles, optionnellement annotés de translittération phonétique kana de type furigana ;
  2. kana : deux écritures syllabaires hiragana et katakana équivalentes ;
  3. rōmaji : une romanisation dans l'alphabet latin dans certains cas plus restreints.

Contrairement à la langue chinoise qui connaît des tons, la langue japonaise est atone, et la compilation des kanjis donna lieu à de nombreux homophones. Seule l'écriture fait foi. De ce fait — et pour d'autres considérations d'ordre historique et culturel —, on ne pourrait pas envisager, aujourd'hui, d'abolir les kanjis pour instaurer une écriture purement phonétique. Mais la langue reste évolutive, et les moyens contemporains de communication ne sont pas entravés au Japon. Au contraire, les kanjis ont des avantages : ce sont des condensés d'information.

Histoire

Éléments archéologiques

Kongo-badarani (686).
File:Kongo-badarani 2.jpg
Kongo-badarani (686).

Divers spécimens d'écritures primitives appelées jindai moji[2] ou kamiyo moji[n 1] 文字, quelques caractères pictographiques ou runiques et d'autres proches du hangeul[3] coréen, sont maintenant considérés comme des faux[4] créés pour promouvoir le nationalisme japonais dans les années 1930. L'argument principal est que ces systèmes sont fondés sur la phonologie du japonais moderne, plus restreinte que celle du japonais ancien.

Les caractères chinois firent leur première apparition au Japon comme éléments de décoration d'objets importés de Chine (sceaux, pièces de monnaie, épées, etc.).

神道 Shinto[2]

Le plus ancien objet de ce type est le sceau du roi de Na[5], offert en l'an 57 par l'empereur Han Guang Wudi à un ambassadeur de la période Yamato. De même, des pièces de monnaie chinoises ont été trouvées dans des sites archéologiques de la période Yayoi[6].

Cependant, la pratique de l'écriture ne se répandit au Japon que vers le Ve siècle de notre ère ; ces caractères chinois importés n'étaient donc probablement pas compris des populations japonaises[6].

Parmi les premiers témoignages de kanjis au Japon, on trouve des poteries avec des caractères incisés dans la panse, le plus ancien exemplaire datant de la fin du Ve siècle[7].

En 2019, le professeur Yasuo Yanagida a défendu l’hypothèse selon laquelle des objets du IIe siècle av. J.-C. trouvés dans les ruines d'Uruujitokyu à Itoshima (Préfecture de Fukuoka) ou dans les ruines de Nakabaru à Karatsu (Préfecture de Saga) seraient des pierres à encre produites localement. Elles seraient la preuve d'une pratique de l’écriture au Japon à cette époque[8].

Proto-histoire

Nihon shoki (720) en kanjis.
File:Nihonshoki tanaka version.jpg
Nihon shoki (720) en kanjis.

Si l'on en croit le Nihon shoki et le Kojiki, c'est un lettré semi-légendaire du nom de Wani (), envoyé par le royaume de Baekje pendant le règne de l'empereur Ōjin au début du VIe siècle, qui introduisit au Japon le confucianisme et les caractères chinois[9]. L'arrivée officielle des kanjis aurait eu lieu en 552 selon le Nihon shoki de l'an 720. Il s'agit d'un envoi d'une statue de bouddha et de sūtras par le roi Syöng-Myöng du royaume coréen de Paekche à l'empereur du Japon Kinmei. Une autre source, le Gangōji garan engi, donne la date de 538.

Les caractères chinois sont arrivés au Japon vers le IVe siècle. Pendant la période Yamato, les premiers documents japonais furent probablement écrits à la cour impériale par des émissaires bilingues chinois ou coréens[6]. C'est à cette époque que se rattache la correspondance diplomatique des cinq rois de Wa, datée de 478.

Par la suite, une classe spéciale de lettrés, les fuhito, fut employée à la cour pour lire et écrire le chinois classique. Pendant le règne de l'impératrice Suiko (593-628), le Japon eut en Chine des représentants diplomatiques à temps plein, conduisant à généraliser au Japon l'apprentissage de ce système d'écriture[9]. Initialement, les sinogrammes n'étaient pas utilisés pour écrire le japonais ; être lettré signifiait posséder l'habileté de lire et écrire le chinois classique.

Comme les Japonais n'avaient pas de système d'écriture, ils ont cherché à utiliser les caractères chinois non pas seulement pour écrire le chinois, mais aussi leur propre langue. Jusqu'à nos jours, sur le plan lexical, les kanjis sont ainsi encore essentiellement utilisés, non pour noter des prononciations, mais pour noter des sens. Cependant, le japonais a une structure très différente du chinois classique, et l'écriture chinoise ne permet pas d'en transcrire la grammaire et la syntaxe.

Évolution du système d'écriture

Man'yōgana sous-titré en hiragana.
File:Hiragana origin.svg
Man'yōgana sous-titré en hiragana.

Il existait autrefois un système appelé kanbun (漢文), qui utilisait à la fois les caractères chinois (kanjis) et quelque chose de très similaire à la grammaire chinoise. Le système kanbun de caractères diacritiques fut inventé et utilisé pendant l'époque de Heian (794-1185). À partir d'une écriture en chinois classique, des marques diacritiques étaient placées à côté des caractères chinois pour aider à faire comprendre l'équivalent japonais. Ce système permet aux locuteurs japonais de restructurer les phrases, en indiquant les inversions nécessaires dans l'ordre des mots, et les terminaisons grammaticales des verbes, de manière à pouvoir les lire conformément à la grammaire japonaise.

La première chronique historique écrite du Japon, le Kojiki (古事記), aurait été compilée avant 712, et aurait été écrite en kanbun. Aujourd'hui, les universités japonaises et quelques lycées enseignent toujours le kanbun dans leur cursus littéraire.

Il n'y a pas eu de système d'écriture de la langue japonaise orale jusqu'au développement des man'yōgana (万葉仮名). Ce premier système d'écriture, qui utilisait des caractères chinois pour leurs propriétés phonétiques (dérivées de leur lecture chinoise) plutôt que pour leur valeur sémantique, apparut vers l'an 650 : c'est ce qu'on appelle les man'yōgana, par référence au man'yōshū ou manyōshū (万葉集), un recueil de poésie japonaise du VIIIe siècle qui donna son nom au système d'écriture dérivé. Ces caractères chinois apparaissent avec une valeur phonétique. Les man'yōgana ont initialement été utilisés pour écrire de la poésie[10].

katakana [a]
hiragana /a/